D’après la légende khmère, l’origine de la capitale du
Cambodge remonterait à une femme appelée Penh. Vers 1370, au cours d’une grande inondation, elle recueillit une statue figurant quatre représentations du Bouddha, enfermée dans un arbre, flottant au gré de courant. Elle érigea au sommet de la colline qui port le nom de Phnom une petite pagode pour abriter la statue. Les pèlerins affluèrent, une agglomération naquit, crût et prit le nom de Phnom Penh ou la « Montagne de la Dame ».
Des nuées de bonzes en robe safran déambulent ou méditent le long du fleuve. Les familles aussi se promènent lascivement sur les quais, tandis que d’innombrables petits marchands ambulants proposent fruits exotiques découpes, rafraîchissements, graines de litchis, sauterelles grillées ou oiseaux porte bonheur. Des enfants en haillons par centaines, souvent pieds nus vadrouillent, mendient quelques riels, jouent au ballon, vendent des cigarettes ou se proposent de cirer vos souliers. Ils sont touchants, beaux, sales et souvent timides. La pauvreté offre des sourires qui dépassent toutes les richesses du monde.
Phnom Penh, autant que les regards, les corps et les âmes, porte les stigmates de trente ans de guerre. Le génocide effroyable des Khmers rouges, puis, coups d’Etat et règlements de compte sanglants laminèrent la cité. Aujourd’hui, après le chaos et la nuit sombre du sang qui l’accompagne, à l’image du Cambodge, Phnom Penh tente sa renaissance.
A la pointe du jour, sur les berges, contemplant le fleuve harmonieux au flux alternatif, tout un peuple broyé se prend à espérer des jours meilleurs.