Dès l’agonie puis la mort de l’un des parents, des rites précis doivent être respectés. Ainsi, devant son père agonisant, le fils aîné (ou, en son absence, le successeur désigné) devra recouvrir le visage du mourrant d’un carré de soie blanche, lequel représentera ensuite l’âme du défunt. Lorsque le père a rendu son dernier souffle, le fils aîné appelle les âmes de son père à venir assister à la mise en bière du corps, afin d’éviter qu’elles ne deviennent des âmes errantes. Le culte commence par une première offrande faite au défunt: le fils met dans la bouche de son père une poignée de riz blanc et des pièces d’argent symbolisant la nourriture et la richesse nécessaires pour le
voyage vers l’autre monde. Le corps du mort est préparé avant d’être enseveli, il est vêtu de ses plus beaux vêtements et, dans les familles les plus traditionnelles, coiffé d’un turban rouge ou noir. Il est intéressant de noter que le turban sera blanc si le mort n’a pas encore perdu ses parents, signe de deuil futur de ceux-ci. Selon des rites très précis, le corps est ensuite transporté vers la fosse, qui peut se trouver au sein de la propriété familiale ou bien d’un cimetière communal. La famille a choisi avec beaucoup de soin l’orientation de la fosse et du tombeau, car elle détermine le repos du défunt mais aussi le bonheur et la prospérité des descendants. Les familles recourent souvent à un géomancien qui fixe l’emplacement de la tombe et l’heure des funérailles en harmonie avec les astres et l’horoscope du défunt. À l’issue de l’inhumation, l’âme n’est plus représentée par la soie blanche mais par une tablette funéraire remise à la famille. Si le défunt a été incinéré, ses cendres sont toujours conservées à la maison sur l’autel ou à la pagode, comme symbole de la vénération portée au mort.
Pendant les vingt et un jours suivant les funérailles, les descendants feront quotidiennement des offrandes et brûleront de l’encens en s’inclinant à trois reprises devant l’autel des ancêtres. Le quaranteneuvième jour, toute la famille se réunit à la pagode pour prier pour le repos de l’âme du défunt. Un an après la mort du parent, les enfants célèbrent l’anniversaire en brûlant de l’encens et en se prosternant devant l’autel et les tablettes funéraires des disparus; ils brûlent alors les vêtements de deuil qu’ils ont portés jusque-là. Les descendants continuent toutefois de se ceindre d’un turban blanc pour une année encore. L’année suivante, lors du deuxième anniversaire, puis chaque année à la même date, la famille organise un repas où sont réunis l’ensemble du clan ho et les amis. Les plats sont tout d’abord présentés aux esprits des ancêtres afin qu’ils se nourrissent, puis sont offerts aux invités. Des bâtons d’encens brûlent sur l’autel ainsi que des papiers votifs représentant parfois de faux billets de banque, symbolisant la richesse des ancêtres dans l’au-delà.