Le
laquage des dents est une
coutume vietnamienne très ancienne. A 14 ou 15 ans, après avoir perdu ses dents de lait, les filles et les garçons se font laquer les dents.
L’opération est très complexe. On commence avec de la teinture rouge faite en hiver. On mélange du stick-lac en poudre avec du jus de citron et de l’alcool. Le produit est mis dans une bouteille enterrée pendant un mois, jusqu’à ce que la solution fermente et devienne blanche. Avant de dormir, on enduit de cette dernière deux morceaux de feuille de bananier qu’on applique sur les deux rangées de dents. Il faut tenir ouvertes constamment les mâchoires, pour que la teinture ne se dilue pas avec la salive. On continue ainsi pendant vingt nuits, changeant le contenu de la bouteille trois fois par nuit.
Au bout d’un an, on renouvelle le laquage rouge durant une semaine avant de laquer en noir. Le produit employé est à base d’alun noir mélangé avec du stick-lac. Cette phase ne dure que deux jours. On place ensuite un morceau de noix de coco sur un couteau qu’on chauffe afin d’obtenir une résine qui, étalée avec les doigts sur les dents leur confère un brillant inaltérable.
Le laquage des dents les protège contre la carie, une découverte faite seulement aujourd’hui. L’origine de la coutume se perd. D’aucuns pensent qu’elle était un moyen pour les Viêt de se distinguer des autres ethnies.
Quoi qu’il en soit, les dents noirs étaient un canon de la beauté, surtout féminine. En effet, un vieux proverbe disait :
"Si l’on se marie, il faut prendre un mari digne des peines surmontées pour avoir des joues roses et des dents noires."